La hargne au ventre
Antoine Loreux, septante-cinq ans, vient de faire dix mois de préventive et ça lui a mis « la hargne au ventre » car il était innocent et n'a dû son inculpation qu'à la coalition des villageois de Chantemerle, qui voyaient en lui un coupable évident. Il sait bien, lui, qu'il n'a pas tué sa femme, qu'on a trouvée la tête la première dans le puits d…
Antoine Loreux, septante-cinq ans, vient de faire dix mois de préventive et ça lui a mis « la hargne au ventre » car il était innocent et n'a dû son inculpation qu'à la coalition des villageois de Chantemerle, qui voyaient en lui un coupable évident. Il sait bien, lui, qu'il n'a pas tué sa femme, qu'on a trouvée la tête la première dans le puits de son jardin. Il n'en a pas été triste, car il ne l'aimait plus depuis longtemps, cette femme qui se plaignait tout le temps et se présentait comme une victime.
Il faut dire qu'il ne la ménageait pas, qu'il la considérait comme « un meuble qui bouge », qu'il la violait au besoin et la battait plus souvent qu'à son tour. Elle s'est suicidée, parce qu'elle n'attendait plus rien de la vie, ou alors, comme il n'est pas loin de le penser, pour lui jouer un sale tour car il était évident qu'on lui ferait porter le chapeau. Jusqu'où peut aller la haine conjugale.