Bellegarde (3) - Avant la nuit

Adèle a continué son chemin, pourtant durement tracé, à Bellegarde. Les terres étrangères, lors de son arrivée, lui sont petit à petit devenues familières et, avec sa fougue et sa passion habituelles, elle a appris à bien gérer sa vie si loin des siens. Elle aime Raymond comme un fils et se répartit avec lui le travail de la ferme. Simultanément, elle dirige un atelier de couture, qui est son véritable métier et , comme elle ne fait jamais rien à moitié, invente des modèles, coupe, taille, essaye, crée.

Ce faisant, elle acquiert une clientèle fidèle, et va de temps en temps à la Ville proche, pour y vendre ses créations et magasiner quelque peu pour quelques achats indispensables. Enfin, elle retrouve du bonheur dans les choses ordinaires de la vie. Mais la guerre, une nouvelle fois, la déstabilise lorsqu'elle apprend que Raymond, pourtant marié et père de trois petits enfants, décide d'aller au combat en Europe. Adèle retrouve ses vieilles angoisses mais elle s'incline, tout en vivant très difficilement le départ de son enfant.

L'âge s'installe, les difficultés physiques ne l'épargnent pas, sa jambe boîteuse se rappelle à elle plus souvent qu'à son tour… et son orgueil en prend un coup lorsqu'elle doit se résigner à s'aider d'une canne ! Elle déménage, se rapproche de sa fille Louise avec laquelle elle a toujours été en grande connivence et découvre la vie urbaine, à Québec.

Elle prend une dernière décision… En définitive, qu'Adèle aura-t-elle fait de sa vie, elle, l'amante, la passionnée, l'épouse, la mère, celle qui n'aura jamais baissé les bras, malgré les fractures de vie qui ne lui ont pas manqué… que choisit-elle ? Elle est, en tous cas, devenue chère aux lecteurs…