Je ne sais pas
« Il y a du sang trois étages plus bas. Il paraît que c'est de ma faute. Enfin, en partie. » Un fait divers horrible vient d'avoir lieu. Il est minuit trente-deux et l'agent de police essaie désespérément de faire parler Clara. « Je ne sais pas ». Quatre mots tout simples qu'elle voudrait prononcer. Mais, même ça, elle n'y arrive pas. Marie Colot …
« Il y a du sang trois étages plus bas. Il paraît que c'est de ma faute. Enfin, en partie. » Un fait divers horrible vient d'avoir lieu. Il est minuit trente-deux et l'agent de police essaie désespérément de faire parler Clara. « Je ne sais pas ». Quatre mots tout simples qu'elle voudrait prononcer. Mais, même ça, elle n'y arrive pas.
Marie Colot signe ici un huis clos psychologique plein de tension où on oscille entre les questions en rafale de la mère de Clara qui voudrait comprendre le silence buté de sa fille, et le monologue intérieur de Clara grâce auquel le lecteur comprend peu à peu pourquoi la jeune fille n'a pas trouvé le courage d'intervenir, alors qu'une prostituée se faisait sauvagement battre sous la fenêtre de sa chambre.
L'effet du passant, c'est le nom que l'on donne à cette absence de réaction, à cette incapacité à porter assistance à autrui, quand nous sommes en présence d'autres personnes. Mais pour Clara, c'est un peu plus compliqué que ça. Les souvenirs remontent de l'enfance à mesure que l'interrogatoire avance et on sent l'étau se refermer autour Clara au fil des années qui passent dans la résignation et la solitude face à une mère rigide et égocentrique.